Point de vue de TMX - Consolidation du secteur aurifère : regard de la Bourse de Toronto

TMX POV - Consolidation in the gold sector: Insights from Toronto Stock Exchange

Plus tôt ce mois-ci, Newcrest Mining, le plus grand exploitant de mines d'or de l'Australie, a annoncé l'acquisition de Pretium Resources, l'aurifère canadienne propriétaire du site Brucejack, dans le Golden Triangle, une région très prometteuse de la Colombie-Britannique. La transaction de 2,8 milliards de dollars faisait suite à la « fusion d'égaux » annoncée en septembre par deux autres aurifères canadiennes, Kirkland Lake Gold et Mines Agnico Eagle, dans le cadre d'une transaction de 13,4 milliards qui fera naître le troisième producteur d'or dans le monde. Les deux transactions s'inscrivent dans une grande vague de consolidation qui a transformé le secteur de l'or ces dernières années et qui, selon nombre d'observateurs, est appelée à se poursuivre.

« Toutes les entreprises doivent gagner en pertinence, et c'est en général le moteur de la consolidation », a dit cette année Neal Froneman, chef de la direction de Sibanye Stillwater, dans un rapport de S&P Global Market Intelligence. C'est en fait Sibanye, elle-même issue d'une série d'acquisitions consécutives à l'essaimage de Gold Fields en 2013, qui a récemment lancé l'idée d'une mégafusion avec AngloGold et Gold Fields. La fusion de trois minières sud-africaines créerait la plus grande aurifère au monde, pour une production supérieure à 6 millions d'onces, selon les données de 2020. Outre la « pertinence » ou, si vous voulez, l'échelle, l'idée était aussi de réduire les coûts en combinant des actifs qui, en réalité, étaient contigus. Il n'y a pas si longtemps, le secteur aurifère ne cessait de subir les foudres des investisseurs pour sa piètre gestion des capitaux. Conjuguée à la hausse des coûts d'extraction, cette pression a amené les minières à envisager des fusions-acquisitions pour économiser.

Un autre vecteur de consolidation a été mis en lumière à la fin 2020 par le chef de la direction de Barrick Gold, Mark Bristow, qui a parlé d'une crise due au recul des réserves d'or et s'est prononcé en faveur d'autres regroupements de sociétés du secteur aurifère en Afrique. M. Bristow a évoqué la baisse de la durée de vie moyenne des mines d'or en général, laquelle est passée de 20 ans à une dizaine. Le problème est attribué à des activités exploratoires insuffisantes qui donnent lieu à peu de découvertes. D'après mes observations, le problème n'est pas étranger aux conséquences retardées du dernier ralentissement sectoriel; les jeunes minières ont été mises à mal, là où les acteurs établis, usant de prudence, ont tâché d'assainir leur bilan en réponse aux critiques formulées par les investisseurs au sujet d'erreurs de gestion et d'excès d'orgueil dans les années 2000. Force est de constater que le vent tourne. Barrick a elle-même fusionné avec Randgold Resources en 2018, et les commentaires de M. Bristow coïncidaient avec la fusion de Northern Star Resources et de Saracen Mineral Holdings, deux aurifères australiennes.

Entre en jeu un troisième facteur qui pourrait accélérer encore davantage la consolidation : les changements climatiques. La première lettre de la triade ESG prenant une importance inédite, les implications pour le secteur de l'or risquent d'être profondes. « L'un des problèmes du secteur aurifère tient au nombre de sociétés qui le composent », a affirmé en octobre Tom Palmer, chef de la direction de Newmont Corporation, au Financial Times. « Je crois donc que l'industrie doit se consolider, et à mon avis, les changements climatiques serviront de catalyseur », a-t-il ajouté. La fusion opérée en 2019 par Newmont et Goldcorp a donné naissance à la plus grande aurifère au monde du point de vue de la valeur en bourse, de la production et des réserves, et l'an dernier, Newmont s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30 % d'ici 2030 et à devenir carboneutre au plus tard en 2050.

Bref, tout porte à croire que les aurifères poursuivront leurs fusions-acquisitions, essentiellement pour réduire leurs coûts et augmenter leurs réserves. Cependant, l'attention grandissante que suscite le développement durable obligera les minières à s'attaquer plus largement que jamais au secteur aurifère et à opérer des fusions-acquisitions pour améliorer à la fois leurs résultats financiers et leur bilan environnemental.

À propos de l'auteur

Dean McPherson est chef, Secteur minier mondial pour la Bourse de Toronto et la Bourse de croissance TSX. Ancien banquier d'investissement, il élabore et exécute la stratégie mondiale visant à favoriser l'inscription de sociétés minières aux deux places boursières. Avant de se joindre à l'équipe des marchés des capitaux, il a travaillé comme ingénieur civil et géré des projets d'investissement liés à la bauxite/alumine pour Alcoa en Jamaïque et pour Fluor au Canada. Il détient un baccalauréat spécialisé en génie civil et un MBA de la Schulich School of Business et porte le titre de CFA.


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Dean McPherson

Chef, Développement des affaires, Secteur minier mondial 
Bourse de Toronto et à la Bourse de croissance TSX
dean.mcpherson@tmx.com

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