Point de vue de TMX - L’importance grandissante des enjeux ESG pour les sociétés minières : regard de la Bourse de Toronto

Dans le monde des sociétés actuel, les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont devenus incontournables. Ils sont devenus névralgiques dans la plupart des décisions que doivent prendre les investisseurs et les sociétés en matière de stratégie, de recrutement et de mobilisation d'investissement. L'utilisation du mot-clé « ESG » dans Google est quatre fois plus fréquente qu'il y a trois ans. Selon Morningstar, à la fin de septembre, les actifs totaux des fonds axés sur les enjeux ESG ont atteint un sommet record de 3 900 milliards de dollars. Cette année, les émissions mondiales d'obligations assorties d'objectifs ESG devraient passer pour la première fois la barre des 1 000 milliards de dollars, soit plus du double des ventes de 2020.

Quoiqu'omniprésent, le sigle « ESG » est relativement nouveau. Il a été employé pour la première fois en 2005 dans l'étude « Who Cares Wins » de l'ONU et de la Société financière internationale. Ce plaidoyer pour l'intégration de filtres ESG aux produits de placement s'accompagnait du « Rapport Freshfields » (2005), où l'on pouvait lire que les facteurs ESG étaient utiles à l'évaluation financière. Une unification du mouvement a conduit en 2006 aux Principes pour l'investissement responsable (PRI – Principles for Responsible Investment), qui restent à ce jour le porte-étendard indépendant à l'échelle mondiale, grâce à leur « plan d'action pour l'investissement responsable ». Le nombre de signataires (surtout des gestionnaires d'actifs) a augmenté de près de 300 % depuis un an et dépasse aujourd'hui 4 300.

Du plus loin que je me souvienne, les facteurs ESG ou un concept analogue ont toujours fait partie intégrante du monde minier. Il y a un certain nombre d'années, lorsque j'étais un jeune ingénieur pour Alcoa (Jamaïque) et Fluor (Canada), j'ai constaté de visu la nécessité de prendre en compte les aspects sociaux et environnementaux dans l'exécution d'un projet d'ingénierie ou la préparation et l'exploitation d'un site minier. Bien souvent, le site bordait un lieu habité ou une forêt protégée ou se trouvait en territoire autochtone, et il fallait donc penser sérieusement aux facteurs ESG.

Les grandes sociétés étaient à l'avant-garde des meilleures pratiques minières. À l'heure où les gestionnaires d'actifs du monde entier adoptent de plus en plus vite des normes ESG en mutation, le message adressé aux minières, petites et grandes, est sans équivoque : attelez-vous à la tâche, la taille n'est plus une excuse! Pendant un certain temps, il était largement attendu que les grandes minières aux ressources financières considérables portent seules l'étendard ESG, elles qui ont d'ailleurs été d'excellentes pionnières. Aujourd'hui, on ne tolère plus qu'une petite société minière ne produise pas de rapport ESG ou banalise les enjeux en question. La plupart des places boursières mondiales encouragent désormais la production de rapports ESG, et l'on a de plus en plus de preuves qu'une bonne cote ESG peut améliorer le rendement boursier.

En effet, selon les PRI, des recherches sectorielles récentes accréditent la thèse d'une corrélation entre le classement ESG et le rendement ajusté en fonction du risque des actions cotées. Les PRI évoquent des études révélant que la bonne gestion des risques et des questions ESG est corrélée aux résultats financiers, au coût du capital, à la valeur en bourse et à la volatilité. Il est évident pour la Bourse de Toronto (TSX) et la Bourse de croissance TSX (TSXV) que ces arguments sont de plus en plus acceptés dans l'industrie.

Même que l'an dernier, la TSX et la TSXV y sont allées de plusieurs nouvelles initiatives pour aider les émetteurs à se familiariser avec l'information sur les enjeux ESG et à préparer sa divulgation, comme le lancement du site ESG 101, la mise à jour du guide d'introduction : Informations à fournir sur les questions environnementales et sociales et l'ajout d'un module sur la divulgation de l'information ESG au programme de formation Accélérateur de croissance (un programme complémentaire de tutorat et de mentorat proposé aux émetteurs de la TSX et de la TSXV relativement aux pratiques de divulgation, de relations avec les investisseurs, etc.).

Nos ressources pour la communication entourant les enjeux ESG se sont bonifiées en mai 2021, lorsque la TSX et la TSXV ont conclu avec IHS Markit une alliance stratégique relativement à sa plateforme ESG Reporting Repository. Facilitant la communication des données ESG des émetteurs selon une multitude de cadres et de normes (p. ex., SASB, TCFD), cette plateforme s'accompagne de grands canaux de diffusion auprès des investisseurs et des parties prenantes à l'échelle mondiale.

Les émetteurs, et plus particulièrement les minières à petite capitalisation, risquent d'être marginalisés s'ils prennent du retard dans la communication sur les questions ESG. Nos diverses ressources axées sur les facteurs ESG peuvent aider à évaluer les risques et les occasions s'y rapportant et à divulguer l'information. Cette initiative nous emplit de fierté, car elle favorise une généralisation de cette divulgation chez les émetteurs et un élargissement de sa diffusion auprès d'un public mondial.

Vu l'attrait sans précédent que suscite l'investissement minier (dont témoigne le tournant marqué l'an dernier par la prise de participation de Berkshire Hathaway dans Barrick Gold), je suis persuadé que les facteurs ESG prendront une importance grandissante dans le secteur. Il en découlera un accent plus poussé sur la formation et les rapports ESG et sur la rigueur globale quant à l'élaboration de projets, et nous entendons garder une place prépondérante dans ces discussions.

À propos de l'auteur

Dean McPherson est chef, Secteur minier mondial pour la Bourse de Toronto et la Bourse de croissance TSX. Ancien banquier d'investissement, il élabore et exécute la stratégie mondiale visant à favoriser l'inscription de sociétés minières aux deux places boursières. Avant de se joindre à l'équipe des marchés des capitaux, il a travaillé comme ingénieur civil et géré des projets d'investissement liés à la bauxite/alumine pour Alcoa en Jamaïque et pour Fluor au Canada. Il détient un baccalauréat spécialisé en génie civil et un MBA de la Schulich School of Business et porte le titre de CFA.

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