Point de vue de TMX - Qu’est-ce qui empêche les investissements dans le secteur canadien des minéraux critiques?
L'Institut climatique du Canada, en collaboration avec le Groupe TMX, a fait un sondage auprès d'une vaste gamme d'acteurs de l'écosystème des minéraux critiques à propos des obstacles aux investissements dans l'ensemble de la chaîne de valeur des minéraux critiques.
par Ariane Bourassa et Jonathan Arnold
Alors que la transition énergétique mondiale connaît une accélération, la demande de minéraux critiques croît rapidement. La course engagée pour accéder aux minéraux critiques comme le cuivre, le nickel et le lithium façonne le paysage de la concurrence dans l'industrie, et les gouvernements, partout au monde, forment des alliances et formulent des politiques pour garantir leur approvisionnement en minéraux critiques. Selon une estimation récente, le Canada doit, d'ici 2040, augmenter de 30 milliards de dollars ses investissements dans le nouveau secteur de l'exploitation des minéraux critiques pour être un acteur de premier plan dans ce secteur en croissance.1
Toutefois, un récent sondage auprès des participants au marché révèle clairement que des obstacles importants bloquent la voie.
L'Institut climatique du Canada, un organisme de premier plan en matière de recherche sur les politiques climatiques, entreprend une nouvelle recherche pour étudier les obstacles aux investissements dans l'ensemble de la chaîne de valeur des minéraux critiques et le rôle des politiques gouvernementales dans l'élimination de ces obstacles. En collaboration avec le Groupe TMX, exploitant de marchés boursiers mondiaux, dont la Bourse de Toronto (TSX) et la Bourse de croissance TSX, l'Institut a sondé 174 représentants d'un large éventail d'organisations issues de l'ensemble de l'écosystème des minéraux critiques pour comprendre les obstacles aux projets d'exploitation minière des minéraux critiques, responsables et de grande qualité (voir l'encadré pour obtenir des renseignements détaillés sur la méthodologie du sondage).
Encadré 1 : Méthodologie du sondage de l'Institut climatique du Canada
Le sondage a été conçu pour découvrir les obstacles à l'investissement, leur variation dans l'ensemble de la chaîne de valeur et les tensions entre la poursuite d'investissements et les objectifs sociaux et environnementaux. Pour bien comprendre les différents obstacles, le sondage a ciblé une vaste gamme d'organisations de l'écosystème des minéraux critiques, notamment les entreprises d'exploration et d'exploitation minières, les investisseurs institutionnels, les associations de l'industrie, les minières, les organismes environnementaux et les chercheurs universitaires. Au total, 174 répondants ont participé au sondage, dont 68 pour cent occupaient des postes de haute direction d'entreprises œuvrant directement dans la chaîne de valeur des minéraux critiques représentant des projets situés dans chaque province et territoire du Canada. Il est important de souligner que l'échantillon du sondage n'est pas représentatif de la vaste gamme des points de vue sur les projets de minéraux critiques. Notamment, il comprend un nombre limité de répondants titulaires de droits et d'organisations autochtones. |
Voici un aperçu préliminaire des principaux éléments éclairants du sondage. Au début 2025, l'Institut climatique du Canada publiera un rapport complet comprenant une analyse détaillée et des recommandations de politiques pour aborder le manque de financement, et les obstacles sociaux et environnementaux que ce secteur en croissance doit surmonter.
Le niveau actuel d'investissements dans la chaîne de minéraux critiques au Canada est insuffisant
Cette question a fait pratiquement consensus auprès des répondants — 87 pour cent ont convenu que le niveau actuel d'investissements est « insuffisant » ou « très insuffisant » pour faire croître la chaîne de valeur des minéraux critiques. Ce nombre était même plus élevé chez les répondants du secteur financier, qui ont tous classé le niveau actuel d'investissements comme « insuffisant » ou « très insuffisant ».
Le manque de financement pour l'exploration en amont et l'extraction est le plus criant
La majorité des répondants (63 pour cent) ont classé les segments de l'exploration en amont et de l'extraction de la chaîne de valeur comme étant les plus touchés par le manque de financement. Une proportion similaire (65 pour cent) a indiqué que les politiques gouvernementales pouvaient avoir l'impact le plus important sur l'extraction minière en amont. Seulement trois pour cent des répondants voyaient le manque de financement dans la fabrication en aval (p. ex., cellules de batterie, véhicules électriques) comme étant le plus important.
Les délais de délivrance de permis, le manque d'infrastructure et le manque de clarté quant aux droits et aux titres autochtones ont été classés comme principaux obstacles aux projets
Dans le sondage, les répondants devaient classer les possibles obstacles à l'augmentation des investissements au niveau du projet, sur une échelle allant de « très mineur » à « très majeur ». Les délais de délivrance de permis et les processus d'examen réglementaire sont arrivés au haut de la liste : 79 pour cent des répondants ont classé cet obstacle comme étant « très majeur » ou « majeur ».
Le manque d'infrastructure, comme les routes et l'accès à l'électricité, pour les projets en régions éloignées arrivait au deuxième rang, soit 66 pour cent des répondants notant cet obstacle « très majeur » ou « majeur », suivi par les obstacles liés au manque de clarté quant aux droits et aux titres autochtones (52 pour cent).
Les coûts d'investissement élevés et les longues périodes de récupération sont les obstacles les plus importants pour les marchés financiers
Lorsqu'on leur a demandé de déterminer le plus important obstacle pour le marché financier pouvant décourager et limiter l'investissement dans la chaîne de valeur des minéraux critiques au Canada, près du tiers des répondants (31 pour cent) ont indiqué les coûts d'investissement élevés et les longues périodes de récupération.
Les répondants ont également indiqué que les dépassements de coûts compromettaient souvent la capacité des projets à attirer et obtenir les investissements et que cet écueil est exacerbé par la volatilité des prix et le comportement d'un marché non concurrentiel des autres participants du marché international.
Les objectifs sociaux et environnementaux peuvent être atteints tout en maintenant une chaîne de valeur concurrentielle à l'échelle mondiale
Dans le sondage, les répondants devaient noter l'importance, pour les investisseurs, de divers objectifs sociaux et environnementaux — y compris l'optimisation des bénéfices économiques et sociaux pour les collectivités locales, la promotion de l'autodétermination et l'autonomie économique des Autochtones, et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les répondants devaient évaluer la possibilité que ces objectifs soient atteints tout en maintenant une chaîne de valeur des minéraux critiques concurrentielle à l'échelle mondiale.
Une majorité des répondants (83 pour cent) a convenu que l'atténuation des impacts négatifs sur l'environnement local et les collectivités était importante et 91 pour cent indiquent que le Canada peut atteindre ces objectifs tout en restant concurrentiel.
La chaîne de valeur des minéraux critiques du Canada est complexe, tout autant que les obstacles qui nuisent à sa croissance
Ces faits saillants du sondage soulignent la complexité de la chaîne de valeur des minéraux critiques du Canada et les obstacles qui nuisent à sa croissance alors que la demande mondiale — et la concurrence — est en hausse.
Pour surmonter ces obstacles, des progrès doivent être réalisés sur plusieurs fronts : la compétitivité du Canada à long terme repose sur la capacité du pays à éliminer les obstacles, tant sur le plan du marché que des projets, tout en abordant les impacts sociaux et climatiques des projets d'extraction de minéraux critiques. Ces obstacles et ces défis sont interconnectés et doivent être pris en compte lors d'élaboration de stratégies et de politiques.
Parallèlement, toutefois, il apparaît clairement que tous les obstacles auxquels la chaîne de valeur des minéraux critiques est confrontée ne nécessitent pas une intervention de politiques gouvernementales. Les décideurs devraient, prioriser les ressources dans les domaines pour lesquels les politiques peuvent mener à des bénéfices nets pour les Canadiens. Le prochain rapport de l'Institut climatique du Canada présentera des analyses complètes des types d'ensembles de politiques qui peuvent éliminer ces obstacles et mobiliser des investissements dans les projets d'exploitation des minéraux critiques qui sont responsables et de grande qualité.
Ariane Bourassa, directrice, Durabilité et stratégie ESG, Groupe TMX limité
Ariane est responsable du volet de la durabilité au Groupe TMX. Elle cible d'intégration d'ESG dans la stratégie d'entreprise, tout en soutenant le TSX et les sociétés inscrites au TSX et les participants au marché dans leur parcours vers la durabilité.
Jonathan Arnold, directeur par intérim, Croissance propre, Institut climatique du Canada
Jonathan est l'auteur principal du prochain rapport de l'Institut sur les minéraux critiques. Il était également un auteur principal et un contributeur au rapport sur la feuille de route du Conseil d'action en matière de développement durable en vue de créer une taxonomie des investissements climatiques au Canada.
Jonathan Arnold
Acting Director of Clean Growth,Canadian Climate Institute
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Footnote
1 La transition énergétique du Canada nécessitera 16 milliards de dollars en minéraux critiques d'ici 2040, Institut climatique du Canada, Calvin Trottier-Chi, 9 août 2024, https://440megatonnes.ca/fr/insight/mineraux-critiques-economie-propre/
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